Lorsqu'on recommande le Japon à des personnes comme destination de voyage, la première préoccupation, outre l'investissement financier, est toujours la même : et si je n'aime pas la nourriture au Japon ? Cette inquiétude est souvent due à de mauvaises expériences avec des sushis ou à des images dans la tête d'oursins que l'on mange crus à la cuillère. Ou d'une crainte d'une cuisine "trop saine" avec beaucoup de légumes, car les Japonais vivent en moyenne le plus longtemps. Aujourd'hui, nous aimerions réfléchir à ce sujet et, on l'espère, apaiser les craintes de l'un ou l'autre. Petit guide...pour survivre, "alimentairement parlant", au Japon.
La bête noire des touristes au Japon : le nattō !
Commençons par le nattō, la bête noire des touristes. Il s'agit de fèves de soja fermentées dans de la paille de riz, dont le processus développe une odeur intense et surtout un mucilage qui tire des fils. Il fait partie du petit déjeuner traditionnel japonais, sinon il est plutôt utilisé dans les ménages privés pour cuisiner, on ne le rencontre pas dans les restaurants. En général, il faut être invité en privé ou avoir beaucoup de chance/de malchance, selon les cas, pour se voir servir du nattō. Si c'est le cas, il fait certainement partie d'un choix plus large. Tu peux donc le contourner sans avoir à souffrir de la faim. Mais vous pourrez aussi être courageux et goûter le nattō. Pensez au fromage moisi de chez nous. Il a un aspect effrayant et une forte odeur, mais beaucoup l'apprécient pour son goût. À notre avis, le nattō a tout simplement un goût très proche de celui de la levure. Pour commencer, il est préférable de le mélanger à du riz ou d'acheter dans un magasin de proximité (konbini) un rouleau de sushi prêt à l'emploi, rempli de nattō. Celui-ci est toutefois enveloppé d'algues nori, ce qui m'amène directement au point suivant.
Manger au Japon c'est rencontrer des algues (nori) partout !
Les algues sous diverses formes sont monnaie courante dans les
différents courants de la cuisine japonaise. On trouve le plus souvent des algues nori noires grillées autour des sushis, des boulettes de riz et coupées en fines lamelles dans les plats de riz et de nouilles. On trouve également des algues vertes wakame dans la soupe miso ou en salade. Enfin, on fait encore connaissance avec les algues noires, fines et rondes hijiki. On les trouve en accompagnement du petit-déjeuner ou dans des kits de repas teishoku pour le déjeuner ou le dîner. Ces dernières sont à nouveau faciles à éviter, car elles constituent un accompagnement classique et sont souvent servies à côté du riz. Il en va de même pour la salade wakame.
Pour ceux qui sont dans la soupe miso, c'est un peu différent. On en trouve en effet dans tous les petits-déjeuners japonais et également dans les menus teishoku. Comme elles ont peu de goût, on peut siroter la soupe et laisser les algues dans le bol. Le plus difficile, c'est si vous n'aimez pas le nori. Habituez vous lentement au goût du sel et de la mer et vous allez aimer petit à petit. C'est pourquoi notre conseil urgent est le suivant : mangez-en encore et encore, vous aurez certainement un jour le déclic. Si vous n'arrivez pas à avaler le nori avec la meilleure volonté du monde, vous ne pourrez pas manger de sushi ni la plupart des boulettes de riz. Mais là aussi, il existe des exceptions qui se passent de l'enveloppe noire et croustillante. En nappage sur le riz et les soupes, le nori se pêche bien. Un conseil si vous voulez quand même vous essayer au nori : cherche des algues grillées au rayon des amuse-gueule. Celles-ci sont fabriquées de la même manière que les chips et ont été notre tremplin pour passer du statut d'adepte des sushis à celui d'amateur de nori.
Survivre à la nourriture japonaise : qu'en est-il du tofu ?
Les Asiatiques, ils ne mangent pas que du tofu ? Il est vrai qu'au Japon, on cuisine avec du tofu, mais "plus fort" est une exagération éhontée. On ne le trouve que dans la soupe miso déjà mentionnée. Mais la plupart du temps sous forme de lamelles de peau de tofu, que tu n'aurais peut-être même pas reconnues comme telles, mais que tu aurais prises pour des lamelles de crêpes. C'est en effet à cela qu'elles ressemblent et, à mon avis, ont un goût similaire. Si l'on ne commande pas spécifiquement du tofu, on en trouve parfois dans les menus, mais comme les algues hijiki, il s'agit alors d'une petite garniture que l'on peut laisser de côté. D'autres plats à base de tofu sont le kitsune udon, une variante de la soupe de nouilles udon avec une grande tranche de tofu frit, et les inarizushi, des petits sacs de peau de tofu remplis de riz sucré, souvent inclus dans les sets de sushis vendus dans les konbini ou les supermarchés. Pour ceux qui ont envie de goûter au tofu pour la première fois, mais qui sont sceptiques, on recommande d'abord les fines lamelles dans la soupe miso, puis sous forme de mabodoufu. Il s'agit d'une savoureuse sauce à la viande hachée, qui ressemble à la bolognaise, dans laquelle le tofu est également cuit. C'est très bon et on n'a pas l'impression de mâcher un morceau de caoutchouc.
S'habituer à manger sainement avec des légumes, encore et encore !
Les légumes ne sont pas du goût de tout le monde et on observe souvent que dans les restaurants asiatiques, la viande, le riz et la sauce sont assidûment consommés, mais que les légumes sont laissés sur le bord avec mépris. Et pourtant c'est assez contradictoire car on ne mange nulle part autant de viande qu'au Japon. A quelques exceptions près, on ne trouve pas de nourriture végétarienne. La viande est grillée, offerte en brochettes, de grandes montagnes de viande sont emballées sur du riz, frites, rôties, grillées... et ainsi de suite. Si l'on mange des plats de viande, il n'y a pas de grandes quantités de légumes, mais plutôt des contemporains qui donnent du goût comme les oignons de cuisine ou de printemps.
Si l'on veut éviter autant que possible les légumes, il faut chercher des yakitori 焼き鳥 (brochettes de poulet frites) ou plus généralement le kanji pour brochettes : kushi 串. Le curry tristement célèbre du Japon ne contient que quelques morceaux de pommes de terre et de carotte. Il y a aussi le délicieux top : gyūdon 牛丼. C'est un bol de riz sur lequel est posée une montagne de bœuf dans une délicieuse sauce au gingembre et à l'oignon. La viande est coupée en tranches très fines et est vraiment délicieuse.
Si vous n'êtes pas un grand mangeur de légumes, mais que vous souhaitez donner une chance à tout lors de votre voyage au Japon, nous vous conseillons le tempura 天ぷら. Ici, les légumes sont plongés dans de la pâte et frits. Le résultat est dégoulinant de graisse, croustillant et super délicieux.
Notre recommandation dans ce cas serait de chercher le katsudon カツ丼 ou かつ丼. Il s'agit d'escalopes panées et frites sur du riz. En dehors de cela, il existe de nombreuses boulangeries, qui portent en effet souvent des noms allemands. On y cherche en vain le pain correspondant, mais on y trouve de très bonnes pâtisseries, sucrées et salées. Vous devriez trouver votre bonheur parmi les sandwichs au fromage, les saucisses en pâte feuilletée et les chaussons aux pommes.
Et c'est tout à fait sérieux : en cas de besoin, il y a toujours des chaînes de restauration rapide. Une autre possibilité est de se rendre dans l'un des nombreux restaurants dits familiaux comme Denny's, Jonathan's ou Saizariya, qui proposent de nombreux plats occidentaux comme nous les connaissons.